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Une fausse princesse vraie candidate

par Xavier Molenat - publié le 21/02/02

"Son altesse royale la princesse Edwige de Bourbon Caudie" est entrée en campagne. Cette fausse noble qui pratique le naturisme et a connu Bill Gates a un programme simple : liberté, égalité, fraternité. Portrait de la candidate la plus délirante.

On en a connu, des candidatures tordues aux élections présidentielles. Mais là, il faut avouer qu'on atteint des sommets. Avec son programme tordu, ses phrases qui ne veulent rien dire et sa biographie incompréhensible, la princesse Edwige de Bourbon Caudie gagne à l'aise le prix de la candidature la plus "barrée" de la campagne 2002. Edwige ou la candidature qui ne ressemble à rien.

Bourbons frelatés
Difficile d'abord de savoir qui est Edwige. Son service de communication, assuré par de pétulants stagiaires bénévoles, a des méthodes touchantes : la princesse ne communique que par mail officiellement pour ne pas faire exploser ses comptes de campagne et ne répond plus aux interviews, visiblement échaudée par des articles passés. La mystérieuse candidate vit depuis 30 ans dans un mobil-home, au sein du centre héliomarin de Montalivet, dans le Médoc. Rien de précaire dans cette installation, plutôt un choix volontaire : le centre héliomarin est un camp naturiste et Edwige aime vivre en tenue d'Eve. La princesse aux pieds nus réserve bien des surprises, à commencer par son identité. Selon l'Etat Civil, elle s'appelle Edwige Vincent Caudie. L'originale prétend pourtant être une descendante de Louis XVII, le fameux fils de Louis XVI et Marie-Antoinette mort à 10 ans dans des circonstances mystérieuses. Autoproclamée descendante de "la lignée de France", Edwige se fait donc appeler "Comtesse Edwige de Bourbon Caudie". Rien que ça ! Malheureusement pour elle, le prince Charles Louis Edmond de Bourbon, un drôle d'octogénaire lui aussi usurpateur de titre de noblesse, lui intente un procès en 1996. Dans l'affrontement juridique de ces deux Bourbon frelatés, Edwige perd le droit d'user de son titre. Elle doit depuis se contenter d'un modeste "princesse", qui n'engage à rien mais fait toujours son petit effet. Son adresse mail est encore aujourd'hui précédée d'un "SAR" touchant : Comprenez "Son altesse royale"...

Vraie fausse jumelle
Reconstituer la vie de la folle princesse relève tout autant de la mission impossible. La biographie qu'elle a rédigée sur son site de campagne est absolument incompréhensible, tellement c'est mal écrit. Elevée par son grand-père en Auvergne, Edwige n'aurait jamais connu son père et raconte que sa mère lui a caché sa "véritable" identité jusqu'en 1990. Cette année-là, la "princesse" découvre qu'elle aurait une soeur jumelle, Chantal Baraduc, qui n'est pas née à la même date qu'elle. Dubitative, Edwige intente un procès en filiation qui, au terme de procédures délirantes, finit par conclure que les empreintes génétiques des deux soeurs prouvent qu'elles sont bien jumelles. Ouf ! La famille d'Edwige n'a en tout cas rien à à celles des têtes couronnées : son mari, un fonctionnaire de police rencontré au bord d'une piscine, l'a selon elle sauvée d'un mariage arrangé par sa mère avec un vieux duc. Déclaré invalide à plus de 80 % en 1997, le pauvre compagnon d'Edwige est lui aussi depuis empêtré dans un sac de noeuds juridique pour toucher sa pension, suite à sa révocation de la police.

Bill Gates en moonboots fluo
Si on la lit, Edwige est aussi une vraie éxecutive woman. Elle a occupé 36 emplois, plus originaux les uns que les autres : prof de "comédie musicale", direction d'une compagnie de théâtre, ingénieur informatique, "instructeur-formateur à l'OTAN" et aujourd'hui éleveur de chevaux arabes en Gironde... Le tout après des études de médecine. Chapeau ! Son épisode de gloire : avoir travaillé chez Microsoft, avec Bill Gates, au début des années 80, à l'époque où l'homme le plus riche du monde n'était encore qu'un informaticien boutonneux. Dans ses souvenirs romancés, Edwige s'émeut encore de ce week end au ski passé avec la toute petite équipe française de Microsoft, et des légendaires moonboots fluorescents de Bill Gates. Avant sa vie de candidate, Edwige a donc eu une vie professionnelle mouvementée, en témoigne sa mise en examen en 1992 pour fausses factures, abus de biens sociaux, tenue de comptabilité fictive, recel, etc. "J'en passe et des meilleures", ironise Edwige, qui était alors PDG d'une société appelée Sisphinx.

Le ridicule ne tue pas
La fausse princesse est bien une candidate "atypique". Mais quelle est donc son ambition politique ? Notre présidentiable fin de race n'en est en fait pas à son coup d'essai. Candidate en 1995, elle assure qu'il ne lui a manqué que deux signatures sur les 500 nécessaires pour se présenter. Elle remet tout de même ça, aux législatives de 1997, et se prend une taule dans la première circonscription de la Haute Vienne : 143 voix, soit 0,41 % des suffrages. Mise en garde à vue quelques jours avant le scrutin pour "vérification d'identité", elle ne se décourage pourtant pas et voit même dans l'échec le chemin du succès : "Si nous effectuons une simple moyenne de 100 voix par circonscription, avec campagne de délation (sic), nous obtenons au niveau national plus de 5% des votes pour une presidentielle". Bien vu l'aveugle !

Croisade parano
On l'aura deviné, le programme d'Edwige pour les présidentielles est à son image : délirant. Son fond de commerce, c'est un vieux poujadisme, qui semble nourri de ses désillusions personnelles : "Les hommes politiques nous parlent de 'tolérance zéro' et ne sont eux-même que des voyoux, des menteurs, des démissionnaires devant leurs charges, en un mot des incapables." Il faut rajouter à cela une bonne couche de paranoïa, comme on en retrouve parfois chez certains petits candidats persuadés qu'ils dérangent et qu'on veut les faire taire. Les vraies idées politiques, elle en a en fait trois. Alléchant : si le premier point pourrait à la limite tenir la route (la "politique numérique", pour mettre les nouvelles technologies "au service de la population, toute la population"), elle part en vrille dès le deuxième, dans lequel elle déclare la guerre aux "pays qui pratiquent la peine de mort et, pire, la peine de mort par lapidation !" Cette croisade est pour Edwige l'occasion de partir dans quelques envolées racistes du pire goût (Lire le Best of, NDLR). Le troisième point parachève le tout avec son intitulé mystique : "Comment gérer les catastrophes naturelles ou non." Cela ferait en tout cas un bon titre d'autobiographie.


    Le best-of du site d'Edwige de Bourbon Caudie
 
    Le site de campagne d'Edwige de Bourbon Caudie
    Le site du Centre hélio-marin de Montalivet (camp naturiste)
 


L'as des as

  Dominique Strauss-Kahn (PS) a déclaré à Créteil début février: "Qui vraiment a envie de voir revenir les Juppé, les Sarkozy, de voir apparaître les Douste-Blazy, les Raffarin ?". Parlant des politiques de droite comme d'un "carré de valets", il les compare au "carré d'as" des soutiens jospinistes.



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