Et
après le second tour ?
par Xavier
Molenat - publié le 23/04/02 - Réagir
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Après le choc du premier tour, petit rappel du calendrier
de l'après 5 mai. La route est longue...
Encore mal remis du cataclysme du premier tour, le débat
public se centre légitimement sur les deux semaines de campagne à venir
d'ici le second tour. Il vaut pourtant la peine de regarder à plus long
terme, au lendemain du 5 mai, pour voir que l'éviction très hautement
probable (restons prudent !) du candidat frontiste ne résoud pas tous
les problèmes, loin s'en faut. La gueule de bois risque de se perpétuer
encore quelques temps...
Calme avant le tempête ?
Tout d'abord, si l'on se fie à sa déclaration selon laquelle il quitterait
le pouvoir au lendemain du second tour, Lionel Jospin devrait quitter
son poste de Premier ministre le 6 mai au matin. Le Président de la République
devrait donc nommer quelqu'un à sa place. Cependant, cette nomination
sera sans grande importance, puisque ce nouveau Premier ministre servira
essentiellement à assurer la "continuité de l'Etat" jusqu'au second tour
des législatives, le 16 juin. Avant cette date, la nouvelle assemblée
n'étant pas désignée, aucune décision importante ne sera donc prise par
l'exécutif. Il faut également laisser le temps au Conseil constitutionnel
de valider les résultats du second tour. Concrètement, des réclamations
peuvent être déposées par les candidats ou des représentants de l'Etat
pendant les 48 heures suivant la clôture du scrutin, et la date limite
de proclamation des résultats de l'élection a été fixée au mercredi 15
Mai. Autrement dit, tout devrait être calme du côté de l'exécutif jusqu'aux
élections législatives.
Nouvelle gueule de bois
Car c'est bien aux législatives que tout se jouera, et le scénario est
encore on ne peut plus ouvert. Et l'on sait que, de la majorité qui sortira
de l'Assemblée, dépendra la couleur et la composition du gouvernement...
Etant donnée la situation actuelle, deux grosses hypothèses se présentent,
assez évidentes : soit l'Assemblée dégage une majorité de droite autour
du RPR, soit elle dégage une majorité de gauche emmenée par un PS affibli
! Mais dans les deux cas, le scénario n'est guère réjouissant. Dans le
premier cas, le scénario rappelerait furieusement la situation de 1995,
avec d'ailleurs (globalement) les mêmes têtes qu'à l'époque. Dans le deuxième
cas, on retourne à 1997, avec l'annonce d'une cohabitation, là aussi avec
peu ou prou la même équipe. Et cette possible cohabitation, tous, dans
le monde politique, la redoutent et en soulignent les méfaits. Dans les
deux cas, une question plus fondamentale se pose : quelles sont les idées
qui présideraient à ce nouveau gouvernement de la France ? Bref, une nouvelle
gueule de bois est peut-être à prévoir au matin du 17 juin.
Quadrature du triangle
Reste que les données du problème sont encore très floues. Les électeurs
voudront-ils soutenir le Président fraîchement réelu ? Ou joueront-ils
l'équilibre des pouvoirs, comme lors des dernières législatives ? Le résultat
dépend également des comportements de chaque camp. A gauche notamment,
les tractations ont démarré pour savoir quelle stratégie les partis de
la majorité plurielle vont adopter, les résultats du premier tour de l'élection
présidentielle incitant à présenter une seule candidature, unitaire, dans
chaque circonscription. Dernier élément à prendre en compte : le jeu électoral,
qui risque de faire apparaître un nombre très important de triangulaires
gauche/droite/FN, mettant ce dernier souvent en position favorable. Quelle
sera alors l'attitude de la gauche et de la droite ? De quoi se marteler
le front républicain... Autant de questions qui restent en suspens, et
qui ne seront pas réglées par le vote républicain du 5 mai. Le bout du
tunnel est encore loin...
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