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par Xavier Molénat - publié le 11/04/02 - Réagir à cet article sur le forum

Va-t-on voter en ligne ? Quand ? Le clic peut-il réduire l'abstention ? Aujourd'hui et demain, le 3ème Forum de la démocratie en ligne veut nous donner la réponse.

C'est le gratin de l'Internet politique qui se réunit, aujourd'hui et demain, à Issy-les-Moulineaux. Le Forum de la démocratie électronique, troisième du nom, se veut un lieu de rencontre entre les professionnels du Web, les chercheurs et les décideurs politiques. "Patroné" par Jacques Chirac et Erkki Liikanen, Commissaire européen pour l'Entreprise et la Société de l'Information, le forum réunit des gens des cinq continents, dont le point commun est de participer à la mise en place de la fameuse "démocratie électronique" : maires qui expérimentent, chercheurs qui théorisent, députés qui légifèrent, patrons qui concrétisent... Au Palais des congrès, on n'est donc pas là pour rigoler. L'ambiance est au costard, avec dans le hall des stands des grosses boites de l'Internet qui proposent leur solution "clé-en-main" pour une cyber-démocratie chantante. France Telecom se fait même un scénario "anticipation" pour présenter les produits de sa branche "recherche et développement" : blouson-bureau mobile, méga-phone multimedia pour footeux sous UMTS et Web en odorama... Dans la grande salle de conférences, le public est relativement clairsemé : dans un silence religieux, une petite centaine de personnes est là pour traiter de l'actualité de la démocratie en ligne.

Quel vote électronique ?
Parmi les thèmes abordés, l'un des plus médiatiques est sans doute celui du vote électronique, qui incarnerait bien une première réalisation palpable de "e-démocratie". Concrètement, le vote électronique nous promet de simplifier la traditionnelle procédure de vote, en dématérialisant ses différents éléments : carte d'électeur, bulletin, urnes. Eric Maigret, sociologue au CNRS et directeur du projet EVE (CNRS et Union Européenne) chargé d'évaluer les techniques de la démocratie électronique, précise que "l'on peut distinguer plusieurs étapes possibles" dans la mise en place d'un vote électronique : "On peut simplement garder la procédure classique en installant une urne électronique dans le bureau de vote". Avantage : l'urne électronique opère un décompte automatique des votes, et offre des résultats sûrs : dès lors plus besoin d'assesseurs, et moins de contestations. Autre étape : le "kiosque", une sorte d'urne qui serait déposée dans un lieu public et accessible à tout électeur. Autrement dit : chacun voterait là où il aurait envie, sans être rattaché à un bureau de vote précis. Nouvel avantage : les vacanciers n'auraient plus de tracas à se faire. Dernier étape enfin : la "dématérialisation complète du vote", autrement dit le vote par Internet, depuis chez soi ou ailleurs. Tranquille...

L'avenir souris
Dans la pratique, les choses commencent à bouger. En bon sociologue, Eric Maigret rappelle qu'il faut "distinguer ce qui est faisable techniquement et ce qui est faisable socialement". Pour lui, ce n'est pas la technique qui pose problème, même si des questions subsistent. Par exemple, comment garantir la confidentialité du vote si ce dernier se fait à distance ? Alain Ferry, député UDF du Bas-Rhin et chef d'entreprise, a déposé en mai 2001 une proposition de loi visant à "faire reconnaître le vote par Internet" et souligne "qu'il y a là un obstacle juridique, puisque la Constitution impose le passage par l'isoloir". Autre problème : la sécurisation des transferts d'informations nécessaires à l'identification de l'électeur. Pour Eric Maigret, ces problèmes sont secondaires : "On a bien réussi à sécuriser les transactions commerciales, il n'y a pas de raisons pour qu'on ne puisse pas sécuriser le vote". De toute façon, pour lui, "l'urne électronique est déjà une réalité". En effet, après avoir subi une phase d'expérimentation, le vote électronique vient d'être adopté par la Belgique. L'Allemagne vient aussi de s'engager, via le ministère de l'Intérieur, dans un programme visant à instaurer le vote par urne électronique à l'horizon 2006-2010. La Suisse, elle, prévoit la mise en place de kiosques d'ici 2006.

Retard français, encore
Et en France ? Eh bien, on ne la ramène pas trop... La loi déposée par Alain Ferry n'a pas été adoptée. France Telecom profite des échéances 2002 pour expérimenter le vote électronique dans deux communes, Mérignac et Vandoeuvre-les-Nancy, à l'échelle d'un bureau de vote. Cependant, le vote électronique n'ayant aucune valeur légale, les cobayes seront obligés, en parallèle, de voter "manuellement" ! Pour Alain Ferry, "il est clair que la France est en retard sur Internet. On n'est pas au niveau." Mais il ne s'offusque pas du rejet de sa proposition : "L'idée est lancée, et j'ai été heureux de voir qu'elle avait été reprise par le Président de la République en octobre 2001. Cette idée n'est pas totalement folle : il s'agit simplement, sans réinventer le vote, de faire évoluer les institutions". Et par la même occasion, de faire baisser les coûts : selon le député, "une élection classique coûte 10 francs par électeur à l'Etat. Avec le vote électronique, ce coût baisserait à 2 ou 3 francs." Pierre-Marie Vidal, directeur de la publication de Professionpolitique.com, fondateur du club du e-public et coordinateur des débats du forum, abonde dans ce sens. Pour lui, le vote électronique n'est même qu'un "rattrapage" : "Qu'est-ce que ça apporte de rester à l'endroit où l'on est ? Aujourd'hui, on consulte ses comptes à distance, on réserve ses billets SNCF sur le Net... Cette idée a pris un coup de vieux. Bien sûr, il reste des problèmes, ne serait-ce que de garantir un accès Internet pour tous. Mais il est temps de couper le lien entre le bureau de vote et l'acte de voter."

Voter-gamer

Enfin, le député et le sociologue s'entendent également pour conférer à cette innovation quelques vertus civiques. Le cote électronique permettrait ainsi aux vacanciers et à toute personne éloignée de son domicile d'accomplir son devoir. Mieux, il inciterait les jeunes, par son aspect "ludique", à aller voter. Susciter le civisme en stimulant l'instinct du gamer, Pierre-Marie Vidal, lui, n'y croit pas trop : "Effectivement, la population Internet actuelle est plutôt abstentionniste. Mais je ne suis pas persuadé que ce soit un problème technique. Ce qui compte, c'est la conscience politique. Celui qui a envie d'aller voter, il y va." Autrement dit, il s'agira pour les candidats aux futures échéances politiques de réfléchir, au-delà de "l'accès Internet haut débit pour tous" et du "un ordinateur dans chaque foyer", à donner l'envie de remplir son devoir civique. Et sur ce dernier point, il est à craindre que l'Internet n'invente rien.


    Le 3e Forum de la démocratie électronique

    Le projet EVE dirigé par Eric MAIGRET

    Le club du e-public



Vaches maigres

  "Les électeurs ne sont pas du bétail, on ne va pas à la foire à l'encan" estime Charles Pasqua, lorsqu'on l'interroge sur ses consignes de vote au second tour.



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