PRESIDENTIELLES.NET Observatoire Internet du quinquennat 2002-2007 (pub)
Presibot A la une Riposts Revue de presse Annuaire Présibourse Animatics Galette Newsletter
 puce Au revoir les enfants...
 puce Presidentielles. net ma vie, mon oeuvre...
 puce Revue de presse internationale : Soulagés !
 puce La présidentielle est morte, vive la politique !
 puce A qui la faute ?
 puce Et après le second tour ?
 puce Le 'mal français' dans la presse étrangère
 puce Tout est politique
 puce PRESIbot : bas les masques !
 puce PRESIbot : petit rappel de méthode
 puce Toutes
les unes


Act Up voit rouge

par Alexandre Piquard - le 08/04/02 - réagir à cet article sur le forum

L'association de lutte contre le sida est entrée en campagne. Après avoir harcelé Jospin, Act Up invite tous les candidats de gauche à débattre et prépare même des listes aux législatives. Interview.

Act Up compte bien faire entendre sa voix dans la campagne. La célèbre association de lutte contre le sida a mené plusieurs actions pour rappeler aux candidats ce qu'il restait à faire pour les malades du sida, en France et dans le monde. Après une perturbation du meeting de Christine Boutin le 27 Janvier au Zénith de Paris, c'est le candidat Jospin qui est devenu la cible privilégiée, mais non exclusive. Action la plus marquante : une campagne d'affichage, où l'on voit le premier-ministre candidat de dos, en noir et blanc. Un texte, rédigé à la première personne, dit : "En 5 ans, j'ai parlé 2 fois du sida et 2 fois j'ai menti". S'ensuit une critique de l'inaction du gouvernement Jospin sur ce thème, qui se termine par une question tranchante : "Pourrez-vous voter pour moi ?"

Harcèlement démocratique
Pour poursuivre l'effort, Act Up a également perturbé quelques meetings du candidat socialiste. Le 8 mars, alors que Lionel fêtait la journée de la femme au Palais Omnisports de Bercy, des militants d'Act Up se sont invités sur la tribune en affichant sur des banderoles "Sida en Afrique, Jospin raciste". Même thème, autre action le 3 avril, ou des militants ont tenté d'interrompre la conférence de presse de Jospin portant sur la politique internationale, en criant "vous êtes raciste". Ce harcèlement démocratique, qui continuait hier lors d'un réunion sur l'exception culturelle française dans un cinéma parisien, a bien fini par agacer Jospin...

Pour ne pas faire que dans le spectaculaire, Act Up a complété son action de campagne par un travail de débat de fond. L'association a ainsi convié tous les candidats de gauche à venir rencontrer les militants, lors de ses réunions hebdomadaires du mardi soir. "Noël Mamère est venu il y a 15 jours, on recoit demain Olivier besancenot et Nicole Borvo (à la place de Robert Hue) doit venir le 16 avril", précise Emmanuelle Cosse, ancienne présidente d'Act Up. "On aurait préféré voir Jospin, mais il n'a pas cru bon répondre à notre demande" regrette-t-elle. Ces réunions sont pourtant ouvertes à tous...

INTERVIEW
Jérôme Martin, Act Up
"Devenez minoritaire !"

Jérôme Martin, 28 ans, "homo et séronégatif", est vice-président d'Act Up depuis deux ans. Futur prof de français, il travaille a plein temps pour l'association de lutte contre le sida en tant qu'objecteur de conscience.

Vous vous engagez fortement dans la campagne présidentielle. Est-ce un changement de startégie ?

Pas vraiment. Nous avons déjà été actifs lors de plusieurs élections passées. Ce qui est nouveau, c'est d'avoir individualisé nos interpellations, qui ne sont plus dirigées vers les hommes politiques en général mais vers un candidat rpécis. Il y a 7 ans, nous avions défilé sous le mot d'ordre "Votez séropo !", en détournant les slogans de campagne de tous candidats. Nous avions aussi mené une action spécifique contre Jacques Chirac, en tant que maire de Paris, sur les thèmes de la prévention contre les drogues et de l'accès au logement. En ce qui concerne la présidentielle en cours, Act Up a décidé d'agir dès l'assemblée générale de septembre dernier et bouge concrètement depuis janvier. Nous avons choisi deux axes stratégiques : nosu invitons les candidats de gauche à nos réunions hebdomadaires du mardi soir et nous accentuons notre rôle de lobby sur la gauche plurielle, car c'est elle qui a gouverné pendant les 5 dernières années.

Vous dites que Lionel Jospin vous "doit des comptes". Avez-vous l'impression que vous pouvez lui faire des reproches car vous avez contribué à le faire élire ?

Eh bien, lors des législatives de 1997, Act Up a fait des choix : juste après la dissolution, nous avons co-fondé, avec d'autres acteurs du mouvement social, le collectif Nous sommes la gauche. En gros, nous disions que la gauche ne gagnerait pas sans nous et nous pariions sur une victoire de la gauche plurielle en tentant de les obliger à aller à gauche, justement, en soutenant nos revendications : contrat d'union civile entre homosexuels, légalisation des drogues, lutte contre la précarité, relèvement des minima sociaux, régularisation des sans-papiers, etc. Aujourd'hui, 5 ans après, nous voyons que le gouvernement n'a pas agi pour remédier à ces problèmes. Jospin n'a satisfait nos revendication qu'à moitié pour les sans-papiers et le Pacs, et pas du tout en ce qui concerne la précarité et les minima sociaux.

Que reprochez-vous à Lionel Jospin ?

Nous voulons l'interpeller sur son programme et sur ses engagements, mais aussi peser sur les deux derniers mois de son mandat de premier ministre, qui pourrait voir se concrétiser des mesures, même petites. Que peut-il faire pour prouver sa bonne foi et nous montrer qu'il est encore de gauche ? Nous avons donc décidé de lui mettre la pression en publiant des affiches le montrant de dos avec le slogan : "Pourrez-vous voter pour moi ?" L'opération a connu un certain succès et a un peu agacé Jospin. En termes de visibilité dans la campagne, on met le paquet sur deux thèmes : l'accès aux soins dans les pays en voie de développement le problème des détenus atteints de pathologies graves.

Que n'a pas fait Jospin pour l'accès aux soins des pays sous-développés ?

Si la France, tant par Jospin que Chirac, a pris des positions politiques sans ambiguïtés sur la question de l'accès aux soins, il y a un gros problème concernant l'engagement financier. L'achat et l'export de médicaments à bas prix est aujourd'hui possible, malgré l'industrie pharmaceutique, et la France a le devoir et la responsabilité historique de dégager les sommes nécessaires pour donner l'exemple aux pays développés moins progressiste et aux pays en voie de développement, qui n'achètent pas, de peur des représailles de l'industrie pharmaceutique. En mai 2001, lors de la création par l'ONU du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, Lionel Jospin a fait une promesse de contribution pour la France à hauteur de 50 millions d'euros par an. Nous considérons que cette somme, qui n'a pas encore été versée, est beaucoup trop faible par rapport aux moyens de la France et aux besoins énormes. Nous dénonçons donc le fait que l'aide publique au développement international française soit en baisse depuis 5 ans et proposons une contribution réaliste d'un milliard d'euros par an. C'est pour dénoncer ce déséquilibre entre malade des pays développés et sous-développer que nous avons traité Jospin de "raciste" lors de plusieurs actions : lors de son meeting 2002 femmes le 8 mars, lors de la conférence de presse du lancement de sa campagne, lors d'une intervention donnée mercredi dernier sur le rôle de la France dans le monde et hier, en s'allogeant en travers de son passage, alors qu'il sortait d'une réunion sur la politique culturelle au cinéma des cinéastes à Paris.

Pourquoi attaquez-vous le gouvernement sur la situation des détenus atteints de pathologies graves ?

Nous attirons l'attention sur la situation des détenus atteints de pathologies graves car le gouvernement s'est engagé il y a deux ans a agir en s'appuyant sur les 50 mesures d'urgence recommandées par un rapport parlementaire. Aujourd'hui, aucune de ces mesures n'a été appliquée et il y a même un projet de loi de réforme pénitentiaire récent, à l'initiative de Marylise Lebranchu (Garde des Sceaux, NDLR), qui les ignore aussi et suit une logique très sécuritaire. Nous manifestons donc tous les vendredis devant le ministère de la Justice. Il y a urgence : il y a encore des dizaines de morts par an, un ou deux viols reconnus par semaine et 500 détenus se sont suicidés dans les prisons françaises au cours des cinq dernières années.

Vous n'attaquez pas Jacques Chirac. Que pensez-vous de sa politique ?

On va faire quelque chose et on n'apprécie bien sûr pas plus sa politique. Mais l'opération est beaucoup plus difficile. Nous considérons que nous n'avons rien à attendre de la droite, dont nous connaissons les positions, sur bon nombre de thèmes : statut des étrangers, régularisation des sans-papiers, égalité des droits pour les homosexuels, lutte contre la maladie en prison, légalisation des drogues... Pourtant, Chirac s'est bien gardé de se mouiller sur certains thèmes comme le Pacs, afin de ne pas paraître trop ringard aujourd'hui, par rapport à des gens comme Christine Boutin. On interpelle Jospin mais il était important pour nous de commencer la campagne en zappant Boutin pour lui montrer qu'on avait pas oublié, malgré son changement de look, les insultes homophobes lors de sa manif contre le Pacs en janvier 1999 : "les pédés au bûcher" ou "les homos, vous pouvez crever avec votre sida". Pour Chirac, on va trouver un moyens de l'interpeller sur nos deux thèmes dans les semaines à venir. En tant que président, c'est par exemple lui qui donne son accord pour les demandes de grâce médicale pour les détenus. Il en a accordé très peu et le système est tellement lourd que les prisonniers sont souvent morts avant d'avoir la réponse. Nous lui poserons aussi la question du financement de l'accès aux soins pour les pays en voie de développement car il a mené la politique étrangère de la France conjointement avec Jospin.

Vous soutenez beaucoup de causes en dehors de votre objet de départ : la lutte contre le sida. N'avez-vous pas peur de devenir trop généralistes ?

Non. Le choix de nos thèmes s'est fait en fonction des urgences : on meurt plus du sida en prison qu'à l'extérieur et on meurt plus du sida en Afrique qu'en France. C'est une question de vie ou de mort. Act Up est une association que l'on rejoint pour des colères personnelles mais qui n'ont de solution qu'en lien avec d'autres causes. Et c'est grâce à notre identité homosexuelle forte que nous pouvons soutenir d'autres combats, où nous voyons des points communs évidents, avec les détenus ou les étrangers, par exemple. Nous sommes une association à portée universelle mais notre universalisme n'est pas abstrait comme celui de Jospin ou Chevènement qui, à chaque fois que l'on porte les revendications des minorités, des femmes, des sans-papiers ou des détenus, nous disent que cela pose problème avec le principe de la République une et indivisible...

Vous allez pour la première fois présenter des candidats Act Up aux prochaines législatives. N'avez-vous pas peur de perdre de votre crédibilité en tant que critique des politiques ?

On en a assez des stratégies où les politiques se disent totalement d'accord avec nous pendant les campagnes électorales et ne concrétisent rien de nos revendications. Cela rejoint le débat entre l'universalisme et le communautarisme : pour défendre notre point de vue aux législatives, nous avons choisi le slogan "Devenez minoritaire !" Cela veut dire qu'il est possible de légiférer en notre nom en tant que minorité, car les élus, de droite comme de gauche, sont incapables de nous donner satisfaction sur des revendications propres : égalité de droit pour les homosexuels, droit de vote des étrangers, régularisation des sans-papiers, légalisation des drogues, lutte contre le pouvoir de l'industrie pharmaceutique. Il faut reconnaître le point de vue des minorités et légiférer à partir d'un situation concrète, pas à partir d'un universalisme abstrait. En allant aux légslislatives, Act Up veut montrer que c'est possible, qu'on peut légiférer par soi et pour soi. Et la politique, c'est comme un vieux rêve à Act Up, que nous pourrons réaliser bientôt, même si l'aspect financier d'une campagne est problématique.

A titre personnel, qu'allez-vous voter ?

Je n'en sais rien, sincèrement. Pour le premier tour, je suis tenté par Noël Mamère mais sans plus de conviction. Pour le deuxième tour, c'est vraiment dur. Je sais bien que Jospin sera toujours mieux que Chirac mais il m'a tellement déçu, pour tout ce qu'il na pas fait pendant 5 ans. Plus que tout, c'est le mépris, au sens physique, que j'ai ressenti en le rencontrant il y a 15 jours à son atelier de campagne, avec d'autres associations de lutte contre le sida. Il est hautain, n'écoute pas, se moque de nos revendications et refuse des mesures de bon sens. Mes parents ont été des déçus du mitterrandisme et je crois qu'à un moment, il faut savoir prendre acte du fait que Jospin et les socialistes sont de droite. Quand je vois que Jospin propose de mettre des mineurs de 13 ans en prison, ça me dégoûte. Je sais bien que c'est très dommage et que l'abstention fait le jeu de la droite mais ma rencontre d'il y a 15 jours m'a dégoûté. Le PS n'a qu'à prendre ses responsabilités.


Le site d'Act-up



La nounou de la république

  "Il faut redire notre affection" à François Bayrou, car "nous nous réunirons au deuxième tour" a déclaré Roselyne Bachelot, élue RPR et future porte-parole de Jacques Chirac sur LCI le 19/02. Elle tient à rassurer le candidat UDF qui a peur de se faire dévorer par l'UEM (Union en mouvement) après les présidentielles.



  charte de déontologie - contact - credits