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Le cours magistral du professeur Jospin

par Xavier Molénat - publié le 18/03/02 - réagir à cet article sur le forum

Evénement : le premier ministre-candidat dévoile enfin son programme ! Las ! Face aux journalistes, le maître Jospin livre un exposé rigide et ennuyeux. Ambiance et décryptage.

Ils étaient tous là. Pour la présentation de son programme à la presse, le professeur Jospin avait bien préparé sa leçon et réuni toute la classe des bons élèves socialistes : Martine (Aubry) et Elisabeth (Guigou), Dominique (Strauss-Kahn) et Laurent (Fabius), visiblement chargés de faire patienter les journalistes en attendant l'arrivée de leur champion. La connivence est de mise : John-Paul Lepers, "l'impertinent" journaliste du "Vrai Journal" va titiller successivement Strauss-Kahn et Martine Aubry qui déblatèrent leurs réponses convenues. Derrière, les flashes crépitent sec. A l'approche de l'heure 'H', on s'organise : les élèves se rangent sur les rangs, à côté de la place du maître. Les plus méritants sont au premier rang : Marylise, François,... derrière, les secrétaires d'Etat (Kouchner, Royal) et des personnalités socialistes ne participant pas au gouvernement. Quand le maître arrive enfin, il salue les élèves du premier rang. Poignées de main, embrassades, c'est l'effusion. Jospin se dirige vers le pupitre et demande aux élèves de s'asseoir.

Engagez-vous, rengagez-vous...
Commence alors la séance lénifiante du déblatérage du discours de campagne jospinien. On s'ennuie sec, puisque tout le monde a le texte de la déclaration sous les yeux et que l'instit' y colle tout à fait. Pour les décervelés, les socialistes ont même prévu un écran vidéo qui ponctue ce discours magistral avec les titres des grandes rubriques et les petites phrases : "Je m'engage", "Le projet d'un socialiste", "Un projet pour la France"... Seules sortent du lot quelques mignonnes maladresses stylistiques ("Ce projet m'engage. D'abord parce qu'il comporte des engagements") et autres jolies phrases creuses ("Le projet que je vous présente s'appuie sur une méthode : la démocratie économique, sociale et politique."). Bref, on s'ennuie ferme dans la salle de presse. DSK aussi a du mal à garder ses yeux ouverts. Les élèves jospiniens prennent grand soin d'annoner de manière démonstrative aux affirmations de leur champion. A chaque nouvelle page du discours, on entend, dans un calme religieux, les journalistes tourner les feuilles du document qui leur a été remis. Zzz...

Photo de classe
Pour la séance de questions, le maître décide de venir poser au milieu de ses élèves. Audace ! Le premier rang se tasse pour faire apparaître une place libre, pile entre Martine et François. Un "message politique" fort pour indiquer ses préférences en matière de premier ministre ? Le candidat restera bien sûr dans le flou. Et en rajoutera même en répondant à un journaliste : Evoquant les rapports entre les deux têtes de l'exécutif, Jospin parle du "premier ministre, ou de la première ministre si c'est une femme". Le suspense est à son comble...

Questions pour un champion
La séance des questions n'est d'ailleurs pas plus exaltante que le monologue de Jospin. Seule une série de questions d'un journaliste de "Protocoles", la publication d'Act-Up, arrive à énerver un peu le prof, mis en cause pour son laxisme dans la lutte contre le SIDA. Calmé, le maître change de tête de turc et blague un peu avec Christine Clerc, la très droitière journaliste du Figaro, surnommée "la petite soeur des riches". Interrogé sur l'apparition dans son discours d'un vocabulaire de la nation. Jospin s'offusque et assure qu'il a toujours parlé ce langage : " Votre question était brillante comme d'habitude, mais c'est peut-être parce que vous étiez située à gauche (de la salle, ndlr) que vous avez perdu vos repères". Ohohoh, rires dans la salle. Une question intéressante de l'omniprésent John-Paul Lepers sur la proposition de création d'un "Contrat d'Autonomie pour les Jeunes" ("A quoi ça sert que l'Etat nous paye pour être jeune ? N'est-ce pas un nouveau RMI ?") n'obtiendra pas de précisions utiles. Une autre question sur le coût des mesures annoncées obtient une réponse des plus alambiquées, d'où il ressort que le gouvernement table sur une croissance de 3 % par an (Fabius n'a pas bronché), ce qui permettrait de débloquer 26 milliards d'euros pour financer le programme. Bref, ce dernier reste assez largement vaporeux. Elève Jospin : peut mieux faire...

Fin de conférence, le candidat file par une petite porte. En bas, un buffet attend les vaillants journalistes. On va enfin pouvoir s'amuser : sur un écran télé, on diffuse France 2, c'est l'heure de "Pyramides", le fameux jeu du service public. Malheureusement, le temps de prendre la photo et l'écran s'éteint comme par magie. Il était dit que la matinée serait barbante.

Le programme de Lionel Jospin
Dans sa brochure intitulée "Je m'engage", le candidat du PS livre par le menu les mesures de son projet. Comme prévu, moins de "socialisme", plus de "modernité"...

"Pour une France active, sûre, juste, moderne et forte." C'est ce slogan qui ratisse au plus large que Jospin a choisi pour orienter sa campagne. Pour "Présider autrement", Jospin a présenté aujourd'hui son programme, une brochure de 40 pages qui sera éditée à 8 millions d'exemplaires. Parmi la grosse centaine de mesures qu'il propose, Lionel a prévu plein de choses modernes pour nous les jeunes. Le produit d'appel pour cette catégorie de la population, c'est le "contrat d'autonomie" pour les 18-25 ans, qui est censé intéresser tous ceux qui "s'engagent dans une démarche de formation et d'insertion professionnelle". Mais on n'a pas plus de détails, hormis qu'elle prendra la forme d'une "allocation". De quel montant ? Quels objectifs chiffrés ? Combien de temps ? Sous quelles conditions ? Pour l'instant, mystère. Autre question : comment va-t-on financer l' ordinateur portable que Lionel promet pour chaque étudiant ? Et l'ordinateur par famille auquel aura droit tout collégien ou lycéen ?

Gauche de droite
Un projet moderne, c'est aussi une large place réservée à la sécurité, et de ce côté là Jospin ne déçoit pas. Tout d'abord, il s'aligne sur le projet chiraquien de créer un ministère dédié au problème de l'insécurité. L'intitulé change ("Sécurité intérieure" pour Chirac, "Sécurité Publique" pour Jospin), mais l'objectif reste bien de coordonner l'action dela police et la gendarmerie, sous l'autorité des préfets. Autre mesure sympathique : la révision de l'ordonnance de 1945, relative à la justice des mineurs, "dans l'intérêt-même de ces jeunes en grande difficulté d'insertion sociale", accompagnée du développement de "structures d'accueil fermées pour les mineurs récidivistes". Comme le disait lui-même Jospin, "la sécurité n'est pas le domaine dans lequel les différences de programmes me sont apparues les plus grandes". En effet.

Plus de SDF en 2007
Au rayon "une France Juste", la principale proposition de Jospin est la diminution de moitié de la taxe d'habitation, "l'impôt le plus archaïque et le plus injuste". C'est sans doute vrai, mais alors pourquoi se contenter de le diminuer de moitié ? Dans un autre genre, le candidat s'envole littéralement en promettant la disparition des SDF en France à la fin du mandat présidentiel. Dans cette disparition programmée des SDF pour 2007, on sent l'influence de Tony Blair, connu pour ses énergiques programmes de lutte contre la pauvreté et contre la délinquance. Optimiste, Jospin compte non pas organiser la prise en charge de ce problème par l'Etat, mais financer les ONG déjà présentes sur le terrain. Cette promesse est couplée avec le projet de Couverture Logement Universel, qui viendrait, "à l'instar de la Couverture Maladie Universelle", couvrir les situations critiques, notamment celle des "jeunes couples". En revanche, rien de concret sur les retraites, où tout sera soumis à une "négociation préalable entre toutes les parties concernées".

Clientélisme pluriel
Sur l'international, le candidat socialiste s'offre quelques belles envolées lyriques sur la "France actrice du pluralisme mondial" ("Nous ne pouvons laisser aller le monde tel qu'il va"), la "mondialisation ambivalente", le "développement durable" et la nécessité de "refuser le sous-développement et la dégradation de la planète". Des gages à l'électorat d'extrême-gauche ? La majorité plurielle a dû passer par là, puisqu'il propose même un "ministère de l'environnement et des ressources naturelles" aux "responsabilités étendues". Questions institutions enfin, Lionel se dit favorable au vote des étrangers aux élections municipales. Il propose également le mandat unique pour les parlementaires, et une harmonisation de la durée de tous les mandats à cinq ans, toutes ces propositions étant soumises à un référendum en 2003. A plus long terme, Jospin envisage une "réflexion" sur le "rôle du Sénat" et une "réforme du Conseil Constitutionnel", au mode de désignation "trop politique"...


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    Le programme en PDF et le texte de l'intervention


  Lionel Jospin et Ernest-Antoine Seillière, président du Medef, furent camarades de promotion à l'ENA, puis collègues de bureau à la direction des affaires économiques du Quai d'Orsay entre 1966 et 1969.



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