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Bye Bye 3 ème homme !

par Caroline Cordier - publié le 15/03/02 - réagir à cet article sur le forum

On ne peut échapper à cette règle : l'échéance présidentielle finit par un duel. L'irruption d'un troisième personnage dans une mécanique bien rodée s'apparente à une illusion politique. Bye bye troisième homme !

L'habit de troisième homme a été successivement endossé par des candidats très différents, au gré de cette campagne. Cela ne va pas sans difficultés pour ceux qui le portent, au risque même de les amener, au soir du premier tour à se prendre un "veste" électorale. Jean-Pierre Chevènement, François Bayrou, Arlette Laguiller et même Jean-Marie Le Pen ont joué ce rôle avec plus ou moins de succès.

Chirospin et le Che
Dans le cas du candidat du Pôle Républicain, "troisième homme" auto-proclamé, on voulait signifier la possible émergence d'un vainqueur en dehors des deux pôles droite et gauche. Devant les ressemblances programmatiques, la personnalisation de l'élection est amplifiée et cela amène les candidats à croire que le charisme personnel peut suffire à gagner sans le concours des systèmes partisans, au-delà du clivage gauche-droite. C'est en quelque sorte le syndrôme "De Gaulle" qui atteint notamment Jean-Pierre Chevènement lorsqu'il ambitionne de battre "Chirospin" et prétend offrir une alternative au "pareil au même", "l'Etat-PS et l'Etat-RPR". Gommer la dichotomie "droite-gauche" si rapidement est une erreur en grande partie. Tout d'abord, l'élection du Général de Gaulle renvoie à un contexte précis et son "aura" historique a énormément joué. On ne peut pas dire que la France est en crise comme elle l'était en 1958, en pleine guerre d'Algérie. Les institutions actuelles sont critiquées, la dernière cohabitation cristallise les mécontentements mais le malaise n'est pas aussi fort qu'au terme de la IVème République. Ensuite, De Gaulle pouvait d'autant plus facilement se proclamer "au-dessus des partis" qu'il avait face à lui un multipartisme, un système politique "éclaté". Dans "Le Pouvoir politique en France", le politologue et constitutionnaliste Olivier Duhamel montre comment l'élection du président de la République au suffrage universel a bipolarisé fortement la politique et créé des partis forts : "Elle a reconstruit l'union des deux gauches. Cela prit quinze ans. Elle a reconstruit l'union des deux droites. Cela prit vingt ans. Elle a récréé le clivage droite-gauche, dès 1965 et permis plus tard l'alternance". Hors des étiquettes, point de salut ? Les institutions sont-elles si contraignantes ? Chevènement avance précisément des valeurs prônées par l'un et l'autre camp avec la conviction de réaliser une synthèse viable. Est-ce illusoire ?

Clivage droite-gauche
Le député de Belfort joue sur deux tableaux et veut concilier "ordre et mouvement", réaction et progrès, autorité et liberté...Outre De Gaulle, il fait souvent référence à l'épopée napoléonienne. L'élection de Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III à la présidence de la République en 1848, a pu lui donner des idées. Elu avec une écrasante majorité, "Napoléon le petit" était pourtant raillé à "droite" et à "gauche". Guizot, conservateur, disait : "C'est beaucoup d'être à la fois une gloire nationale, une garantie révolutionnaire et un principe d'autorité", signifiant qu'on ne pouvait opérer une telle synthèse symbolique. Bonaparte a pourtant gagné. Et Chevènement y croit. Il pense réunir les Français autour de l'idée républicaine. Le principe est séduisant mais conduit, de par l'électisme des ralliements, à un obstacle majeur. Elu, il faut gérer la France au quotidien. Avec quelle équipe et quelle majorité compte-t-il le faire ? Un rassemblement d'ex-pasquaiens, socialistes, royalistes, trotskystes ? Dans la perspective du second tour, les Français ont un sursaut de réalisme et savent bien qu'il faut une équipe ministérielle derrière le Président. Il faut des gestionnaires, rodés à l'exercice du pouvoir, c'est à dire anciens ministres le plus souvent. Echaudés par le flop économique mitterrandien de 1981-1982, les socialistes sont peu à peu devenus des gestionnaires. Il existe aujourd'hui une sorte de consensus politique autour du libéralisme social et François Bayrou n'a pas su se démarquer, faire la différence sur cette idée. Premier à avoir joué sur l'image du troisième homme, de la "troisième voie" économique, sa campagne a fini par tourner dans le vide. Bayrou et Chevènement avaient oublié un élément déterminant pour un présidentiable: avoir un grand parti derrière soi. Beaucoup de ténors de l'UDF se sont ralliés à Jacques Chirac, tandis que "le Che" a quitté depuis quelques années son berceau politique, le Parti socialiste. Fatale erreur ? La fin d'une belle histoire que beaucoup ont eu envie d'entendre ? Depuis l'entrée en campagne de Chirac et Jospin, les "machines de guerre" que constituent les gros partis par leur poids financier dans une campagne chère, se sont mises en branle. Et les sondages s'en ressentent. Est-ce réversible ?

E=N+O+P+X
Olivier Duhamel explique quelle est "l'alchimie du présidentiable". En collaboration avec Jérôme Jaffré, il a conçu une équation explicative de la victoire. Le candidat doit résoudre ce problème : E=N+O+P+X... Décodage : pour être 'Eligible', l'aspirant à la magistrature suprême doit bénéficier "d'une réelle Notoriété, une Opinion publique favorable, un Parti politique central, c'est-à-dire non situé aux extrêmes, derrière soi et...X, une capacité reconnue d'homme d'Etat dont les composantes restent encore largement inconnues." On le voit, dans ce modèle théorique, un des facteurs est flou. De quoi redonner de l'espoir aux personnages secondaires ? Pas tout à fait, car les premières variables sont lourdes ! Regardons-y de plus près. La notoriété s'acquiert en général suite à une longue carrière politique, cela explique la moyenne d'âge plutôt élevée des candidats : Libération titrait en couverture le 13 mars, "Les Français préfèrent les vieux". Pourquoi ? Un fond culturel qui veut que les anciens soient des "sages", forts d'une expérience politique. A l'exception de Valéry Giscard d'Estaing, les Présidents sont élus sur le tard et l'on retrouve depuis trente ans les mêmes visages aux postes de pouvoir. Pour Gérard Dupuy, éditorialiste à Libération, "le 'mythe Kennedy' ne prend pas en France. (...) Dans d'autres pays, la jeunesse peut être synonyme de dynamisme, voire d'une circulation assez fluide des élites. Ici, on a plutôt tendance a considérer le jeune âge d'un candidat à un déréglement pathologique de son ambition". Exit donc, Jean Lecanuet en 1965, malgré ses poses devant un porte-avion, sa modernité centriste et son sourire à l'américaine. Exit le trop jeune Bayrou en 2002, il reviendra après avoir fait ses classes et pris quelques rides...

Médaille de bronze
Si, conséquemment à la chute de Jean-Pierre Chevènement dans les sondages, l'expression troisième homme finit par signifier troisième dans les sondages et est du coup appliquée à Jean-Marie Le Pen voire à Arlette Laguiller, le concept devient totalement dénué d'intérêt. Ces candidats des extrêmes n'ont aucune chance de figurer au second tour ! Le mythe du troisième homme s'effondre. Même si les scores sont en soi intéressants à analyser, pour ce qu'ils révèlent de l'état d'esprit des électeurs et des signaux qu'ils envoient au futur président, le suspense se réduit de beaucoup. 2002 est la revanche de 1995. Rien de nouveau, des joutes oratoires RPR/PS sont à prévoir. Si l'on se remémore les "médailles de bronze" des précédentes présidentielles, on trouve soit de futures médailles d'argent ou d'or à l'échauffement (3ème au premier tour en 1981, Jacques Chirac, devient second en 1988 et premier en 1995), soit des personnages politiques amenés à "disparaître" ou à être relégués au second plan (en 1965 Jean Lecanuet, en 1969 Jacques Duclos, 1974 Chaban-Delmas, 1988 Raymond Barre, 1995 Edouard Balladur). Jean-Pierre Chevènement dégonfle lui-même la baudruche "3ème homme" en déclarant dans La Croix le 14 mars : "Je suis le seul qui puisse être un président capable de cohabiter avec Jospin et Chirac parce que je suis à moi seul une cohabitation". Après avoir combattu l'idée d'une quelconque concession aux sortants, cela sonne comme un paradoxe. Ou un bel aveu ?

Surprises
Qui a intérêt à parler de ce troisième homme ? Les candidats, on l'a vu, pour peser dans le débat et faute de second tour, se poser en arbitre en monneyant ses voix. Dans l'idée également d'être essentiels à la constitution d'une majorité parlementaire ou de participer au gouvernement. Les médias également : la télévision pousse à la "vedettisation" des politiques. Arlette est sympathique, Le Pen pousse au duel spectaculaire ses contradicteurs. Le Parisien nous assure "mais si cette campagne est intéressante" en une le 4 mars, arguant des surprises qui accompagnent toujours la présidentielle : le ballotage de De Gaulle en 1965, la victoire de Pompidou en 1969 contre Poher donné gagnant, le rattrapage de VGE sur Chaban-Delmas en 1974, le match serré de 1981, la défaite de Barre face à Chirac en 1988, la remontée de Chirac en 1995 malgré Balladur. Autre argument du Parisien : l'issue est incertaine, donc passionnante. Sans doute, mais nul trace du 3ème homme. Le match sera serré, mais ce sera le "match retour" de 95 comme aime à le rappeler Alain Madelin. Optimisme final du quotidien: "Il y aura à l'arrivée, quoi qu'on en dise, de vrais enjeux et un vrai choix." Soit. Il reste à en convaincre les Français qui ne semblent pas y croire. Un sondage Louis Harris-AOL-Libération du 8 et 9 mars montre qu'à moins de 40 jours du premier tour, 56 % des Français sont peu ou pas intéressés par la campagne. La première raison de ce désintérêt: "quelque soit le vainqueur, la politique mise en oeuvre sera à peu près la même". Deuxième : "il n'y a plus de grande différence entre la droite et la gauche". Plus surprenant, un électeur sur deux est prêt à voter différemment aux présidentielles et aux législatives, à reconduire la cohabitation. Le désaveu le plus fort d'un troisième compétiteur réside peut-être dans la probable réelection du couple sortant. Pour les électeurs, foin des hommes et de leur ordre d'arrivée. Insécurité, retraites, chômage, mondialisation, Europe, face aux grandes questions que se posent les Français Jospin et Chirac ne seront pas trop de deux pour y répondre.


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    Le sondage «Libération»-Louis-Harris-AOL


Total respect ?

  "Alors que Jacques Chirac a souhaité se positionner hors de toute polémique et placer cette campagne sous le signe du respect, ces attaques sont indignes et relèvent de méthodes totalitaires" indique un communiqué RPR le 12 février, au sujet des piques verbales de la gauche.



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