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Christ In Boutin

par Xavier Molénat - publié le 14/03/02 - réagir à cet article sur le forum

1,5 % des voix et heu-reuse ! Christine Boutin, députée anti-PACS en 98 et candidate relookée "femme moderne" à l'élection présidentielle 2002, garde la foi malgré les sondages qui ne décollent pas. Portrait et interview.

Garder la foi ? Quoi de plus normal pour cette fervente catholique, qui incarne la frange "conservatrice-sociale" (étiquette qu'elle revendique) de l'électorat de droite. Ne dit-elle pas que la mission de l'homme (ou de la femme) politique est d'être "un guide, une lumière qui doit montrer le chemin dans lequel elle doit aller " ? Ah bon ! Le "chemin" du succès électoral devait être mal débroussaillé. En même temps, difficile de ratisser large quand on porte ses convictions religieuses si près de son action publique. Car finalement, Boutin ça n'est pas autre chose que la charité chrétienne appliquée à la chose politique.

The Boutin Show
Et ça c'était clair dès son premier coup d'éclat qui la fit connaître du grand public. Le 3 Novembre 1998, en plein débat parlementaire sur le PACS, Christine (Marcelle-Valérie-Cécile-Marie) Boutin, effectue une "perf" au micro de l'Assemblée : 5h30 de discours où elle laisse pointer, tout en essayant d'y mettre les formes, son rejet viscéral de l'homosexualité. L'occasion de belles perles qui résonnent encore aux oreilles de nombre de gays et lesbiennes : "Faut-il rompre avec la tradition civilisatrice selon laquelle la famille est la communauté sur laquelle la société est naturellement fondée ?" ou autres "En effet qu'est-ce que l'homosexualité sinon l'impossibilité d'une personne à pouvoir atteindre l'autre dans sa différence sexuelle ?". Mais attention : si la passionaria du PACS joue contre le PACS c'est pour leur bien. Car "à l'origine de (la) situation affective (des homosexuels) existe souvent la souffrance". Si c'est pas empli de charité chrétienne, ça ! Christine, heureusement que tu es là.

Liaisons dangereuses
De toute façon, la proximité de la "passionaria du PACS" avec l'Eglise et les milieux intégristes ne fait pas grand mystère. Depuis 1995, elle est très officiellement "consulteur" auprès du sans doute très progressiste "Conseil Pontifical de la Famille" du Vatican. Elle préside également l'"Alliance pour les droits de la vie", organisation militant contre l'avortement. Pour le bien des femmes, ça va de soi. Cette cause a d'ailleurs englouti une bonne partie de son énergie législative. C'est ainsi qu'en 1986 elle a pu déposer, avec les députés FN, une proposition de loi visant à supprimer le remboursement de l'IVG non thérapeutique. 12 ans plus tard, les frontistes seront présents au manif anti-PACS qu'elle organise. La charité chrétienne est une grande maison.

Transsubstantiation
Toujours est-il qu'après son coming-out sur le PACS, la Boutin a du sentir un vent de sympathie en sa faveur et s'est attachée à le faire prospérer. Et pour ça, elle a lissé son image : exit Christine la coincée, avec ses tailleurs à motifs écossais, ses grosses lunettes et sa coupe de cheveux informe. Voici SexyBoutin, plus que jamais femme : cheveux courts, lentilles et "easy wear", c'est la bombe des bénitiers! Politiquement aussi, Christine Boutin cherche visiblement à ravaler la façade. Et de fait elle est en passe de devenir maître en l'art de jouer sur les mots. La tactique : sélectionner des causes nobles et prendre une position relativement ordinaire en y ajoutant (toujours) la petite touche de charité chrétienne. Ainsi peut-elle défendre les sans-papiers, la libération d'un tueur d'enfants, pourfendre les 35 heures et leur culture du "non-travail" et répondre aux homosexuels : "Ces personnes, qu'elles le veuillent ou non, je les aime". Ca vous rappelle pas quelque chose, tout ça ?

Placement d'avenir
C'est bien joué, mais électorament ça ne marche visiblement pas. Boutin semble désormais résignée à jouer "contre" les gros candidats, et notamment Chirac. Comme aujourd'hui, où elle dénonce la "Bachelotisation" de la campagne (en référence à la nomination de Roselyne Bachelot, seule députée de droite à avoir voté pour le PACS, comme porte parole de Jacques Chirac). La candidate semble surtout penser aux négociations du report de voix au second tour, ainsi qu'aux législatives où elle présentera des candidats de son propre parti, le Forum des Républicains sociaux (elle-même ayant été suspendue de l'UDF puisqu'elle ne soutenait pas François Bayrou). Elle nous livre ici sa vision de la campagne.

INTERVIEW
Christine Boutin
"Qui n’aspire à fonder une famille stable et aimante, et à la savoir encouragée par la société ?"

Beaucoup de gens connaissent de vous la députée anti PACS, une femme de droite dure et catholique. Vos idées et votre discours ont-ils changé au cours des dernières années ?

Il y a une différence entre les convictions profondes qui n’ont pas varié et l’image que vous semblez rapporter là. Toutes mes prises de position sont marquées par un seul souci : que chaque personne humaine soit respectée. Le Pacs, on le reconnaît maintenant, était la porte ouverte à l’adoption homosexuelle. J’ai souhaité protéger les enfants de ce que je considérais comme une discrimination. C’est avec le même souci du respect de toute personne que je me suis opposée à la peine de mort. Il ne me semble pas que ce soit une attitude qu’on étiquette de « droite dure ». Et permettez-moi d’ajouter que les mots « catholique » et « dure » ne font pas bon ménage. Lorsque je propose que la lutte contre la misère soit une priorité pour l’Europe, ce n’est pas non plus une position qui entre dans cette caricature.

Que pensez-vous du bilan de Jacques Chirac ?

Je ne voudrais pas charger la barque. En elle-même la déception de millions de français qui lui avaient fait confiance suffit. Je ne lui reprocherai pas la dissolution qui aurait pu être un grand succès politique si elle avait réussi. Mais je regrette ses silences. Je ne sais pas si, lui-même, sait où il veut conduire la France. Sa nomination comme porte-parole de Roselyne Bachelot, me conforte dans l’idée qu’il faut proposer une autre vision de la société que la dérive libérale - libertaire- qu’elle défend.

Que pensez-vous de la place des "affaires" dans la campagne présidentielle ?

Je souhaite que la campagne permette de confronter des idées et des projets et qu’elle ne soit étouffée ni par les affaires, ni par les coups tordus, ni par la sur-médiatisation du bras de fer Chirac - Jospin. Le plus grave, c’est l’image désastreuse que les deux têtes de l’exécutif ont donnée à la communauté internationale avec leurs chicayas.

Que pensez-vous de l'immunité dont bénéficie le Président de la République ?

Même si j’ai trouvé maladroite sa déclaration sécuritaire prônant l’ "impunité zéro", je suis favorable au maintien d’un statut pénal particulier pour le chef de l’Etat quel qu’il soit sauf en cas de haute trahison prévu par la constitution. Il s’agit bien plus de protéger notre pays tout entier contre le pouvoir judiciaire que de protéger une personne. Du reste, je dirais la même chose pour un président socialiste. On peut tout à fait attendre le moment où l’homme n’occupe plus la fonction.

Que pensez-vous du programme économique de la droite et candidat Jacques Chirac ? Vous y reconnaissez-vous ?

Il est trop tôt pour répondre car Jacques Chirac et Lionel Jospin se sont bornés à des slogans publicitaires : désir, passion, respect. Mais je note que je suis la seule à avoir explicitement demandé qu’on revienne sur l’idéologie des 35 heures car j’explique qu’elle pénalise les pauvres et les faibles, et handicape les entreprises, notamment les plus petites, sans créer les emplois escomptés. Cela ne signifie pas que certaines catégories ne puissent pas bénéficier de la réduction du temps de travail. Dans la prolongation du travail du groupe parlementaire « Osez la famille » que j’ai animé avec plus de 90 de mes collègues, je propose que notre vision de l’économie ne se cantonne pas à des critères financiers mais que soit reconnu et encouragé l’apport des parents à l’investissement de notre société. « La famille, source de prospérité » selon le titre du livre de l’économiste Jean-Didier Lecaillon, c’est ainsi qu’il faut rééquilibrer en faveur de la famille l’arbitrage budgétaire. Je propose, pour encourager l’effort des parents : une allocation parentale de libre choix dès leur premier enfant, le droit à la retraite pour celui qui choisit d’interrompre sa vie professionnelle pour élever ses enfants et une revalorisation des pensions des veuves civiles.

Que pensez-vous de la situation de l'UDF ? De la candidature de François Bayrou ? Du projet de parti de droite unique et de l'Union en mouvement ?

L’UDF est en danger. Trop d’ambitions personnelles et pas assez d’audace politique. Je ne pense pas que l’opposition actuelle ait à gagner d’un RPR écrasant. Même si elle m’a parfois malmenée, j’ai toujours témoigné de ma liberté de parole et je suis attachée à ma famille politique, à son sens du dialogue et à son respect de la pluralité. Evidemment, le fait d’en avoir été suspendue m’a attristée.

A propos des manifestants qui vous reprochaient votre homophobie lors du meeting auquel nous avons assisté, vous avez déclaré : "Qu'ils le veuillent ou non, je les aime". Au-delà de cette déclaration d'apaisement, qu'avez-vous à répondre sur le fond : si vous étiez élue, abrogeriez-vous le PACS ? Reconnaissez-vous aux homosexuels des droits égaux à ceux des hétérosexuels ? Que proposerait le ministère d'Etat de la famille, que vous souhaitez créer, aux homosexuels ?

Il faut bien distinguer le respect que l’on doit à toute personne et l’urgence qu’il y a à faire taire les jugements, les anathèmes et les étiquetages. Je ne suis pas à l’aise avec le fait de définir une catégorie de citoyens selon son orientation sexuelle. Cette dérive communautariste m’effraie et ne correspond pas à notre culture. Je propose d’abroger le Pacs parce que c’est une aberration juridique et sociale, un piège pour ceux qui souscrivent, heureusement peu nombreux, ce contrat précaire et sans contrepartie, et surtout à cause de l’idéologie de l’homoparentalité qu’il déduit. Mais j’avais proposé les réformes nécessaires pour qu’il n’y ait pas de discriminations injustes vis-à-vis des personnes, notamment celles qui étaient éprouvées par le Sida. Cependant, je ne considère pas qu’il soit respectueux des personnes de proposer « une politique homosexuelle » ; la relation entre un homme et une femme, qu’on le veuille ou non, est la seule qui puisse être orientée vers l’accueil d’une vie. Elle fonde la famille. Le nier, c’est se bercer d’illusions. J’ajoute que j’ai eu, à plusieurs reprises, des témoignages et des encouragements provenant de personnes homosexuelles me disant que j’étais la seule à avoir le courage de leur dire la vérité.

Votre discours est fortement teinté de valeurs et de références catholiques. Comment comptez-vous faire pour convaincre, au-delà des chrétiens qui sont votre soutien le plus solide, les non-croyants et les électeurs d'autres confessions ?

Je n’ai pas un programme catholique. Je n’ai pas non plus l’intention de revendiquer le vote des chrétiens. Simplement, il est naturel qu’il y ait une unité entre mes convictions les plus profondes et mes propositions politiques. On oublie souvent que ce que propose l’Eglise - l’option préférentielle pour les pauvres , le refus du meurtre , du vol, du mensonge - correspond en politique à la solidarité, au respect de toute vie. Que font les autres responsables politiques ? Soit vous me dites qu’ils n’ont pas de convictions spirituelles, soit ils en ont : j’espère que quelqu’un qui est spirituellement opposé à la peine de mort ne va pas changer d’avis pour plaire à ses électeurs. Naturellement, mon projet rejoint des aspirations profondes des personnes : qui n’aspire à fonder une famille stable et aimante, et à la savoir encouragée par la société ? De plus, beaucoup des amis qui soutiennent la démarche présidentielle et qui me connaissent sont loin de mes convictions spirituelles.

Au-delà de l'élection présidentielle, Quelle place souhaitez vous occuper dans le paysage politique ?

Ce que je veux c’est que nos idées prennent place dans le débat et soient prises en compte car elles sont essentielles pour construire une société plus juste et plus généreuse pour les générations futures. Regardez comment l’écologie est arrivée dans le paysage politique, dans les parties, et jusque dans nos comportements privés . La mutation politique en faveur de la famille mérite au moins la même énergie. Avec 3% des voix, les Verts ont su peser (d’une façon que je n’approuve pas totalement). Que tous ceux qui partagent ma conviction qu’il est urgent de faire de la stabilité familiale le pivot du redressement de notre société, s’engagent, se mobilisent et constituent la nouvelle génération politique dont les générations futures ont besoin.

 
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Lacher la bride

  "Vous connaissez ce joli film, "Le bonheur est dans le pré". C'est à moi, après cinq ans de gouvernement, attelé à la carriole, à m'ébrouer dans le champ de la démocratie" a déclaré Lionel Jospin à David Pujadas, le 21 février sur France 2.



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