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Ennui créatif avec les Jeunes RPR
par Paul Delorne publié le 21/02/02
Le 20 février, c'était "mercredi en mouvement" avec les jeunes chiraquiens. Au programme : cidre tiède, brainstorm pour débutants et catiminis anti-Jospin. Quelle "passion" !
"Ils sont réunis à huis clos à cause de la candidature de Jospin. Mais ils vont arriver...", s’excuse un jeune communiquant en costard. Au sous-sol du siège parisien du RPR, près des Invalides, la salle voûtée apprêtée par les jeunes gaullistes est presque vide. C’est « mercredi en mouvement ». Gâteaux apéro, cola, cidre et eau gazeuse sont équitablement répartis sur des tables basses. De petites piles de gobelets en plastique font face à des rangées de chaises vides. Deux étages plus haut, les pontes des jeunes chiraquiens, ceux que Michèle Alliot-Marie appelle « le poil à gratter du RPR », préparent leur réplique à l'annonce de la candidature de Jospin. Quitte à retarder un peu la réunion ouverte hebdomadaire. "D’habitude, il y a plus de monde, assure Guillaume Bazaille, chargé de la communication du Secrétariat à la jeunesse. Pour l’opération T-shirts, il y avait 150 personnes, c’était un peu la folie." La semaine dernière, les fans du "maillon faible" se creusaient en effet le ciboulot pour répondre au slogan anti-Chirac popularisé par leurs homologues du Mouvement des jeunes socialistes. Aujourd’hui, on tient à montrer officiellement que le coming-out de Jospin n'inquiète en rien les gaullistes. « Ce n’est une surprise pour personne. Pire, ce n’est pas important. », insiste Guillaume Bazaille.
"Non-événement"
Les militants arrivent petit à petit. Le débat "ouvert à tous" peut commencer, même si les responsables affûtent encore leur communiqué au premier étage. "Je propose un premier thème : l’intégration", lance Bettina, l'animatrice rousse du raout. Silence. "Soyez cool, reprend-elle. L’intégration, c’est cool... Damien ?" Debout au fond de la salle, Damien hoche la tête : « Ca va, moi, je suis bien intégré ! » La salle pouffe, les cols des chemisettes remuent. La conversation s’engage sans que personne n’aborde le "non-événement" du jour. Les participants s’accordent sur le fait que les "beurs", même si le terme "fait très gauche plurielle", "ont besoin qu’on aille sur le terrain" pour développer leur sens civique "souvent introverti". De père algérien et de mère française, Ibrahimi Karim explique alors qu’il veut changer son prénom pour Léonard. Bel exemple d'intégration. Le débat dérive rapidement sur ce qu'un élu de l'Uni appelle le vote "communautariste". Pour ce syndicat étudiant bien connu pour sa droiture extrême, tant anti-Pacs et qu'anti-avortement, les étudiants se laissent séduire par des "listes communautaristes, algériennes, tunisiennes, vous pouvez y aller, y'en a pas mal..." Il insiste : "Au final, ils votent pour leur clan, pas pour leurs idées." Le clan RPR, lui, bûche toujours sur son communiqué.
Contre les « rêves illusoires »
L'air dédaigneux, un trentenaire descend donner des nouvelles à l’animatrice. Avec une voix rappelant feu Yves Mourousi, le membre de la vielle garde des Jeunes RPR marmonne : "J'voudrais bien rester mais y'a la candidature de ce connard..." Une rousse clôt le premier débat en faisant remarquer « qu’on parle toujours d’immigrés quand on parle d’intégration, mais il faut aussi penser aux aveugles et aux handicapés ». « Tout à fait, Thierry », lance l’animatrice, de plus en plus en verve. Sur le canapé du fond, Léonard fête son changement de prénom en vidant le cidre avec son voisin.
Dans le hall, Stéphanie la mignonne lie langue avec les autres militants. Elle porte le fameux t-shirt "Je vote CHirac. Regarde-moi dans les yeux." Tombée amoureuse de la poignée de main "vraiment sincère" de son "champion du monde", elle peste contre la place des affaires de la maison Chirac dans la campagne : "J'avais 12 ans quand ça s'est passé. Faut vivre dans le futur." Entre le sous-sol et le deuxième étage, la navette s’accélère. La lettre à Lionel est presque prête. En sous-sol, la fièvre monte. Un participant à mèche blonde se sent révolutionnaire : "Il faut tout changer !" "Ouais, aller sur les marchés distribuer des tracts, ça ne me fait pas peur », s'enthousiasme un autre. Soudain, le responsable de la jeunesse au RPR, Michaël Bullara, interrompt les débats. Il lit à haute voix le communiqué de presse concocté par son équipe. Les Jeunes RPR y « saluent l’au revoir de Jospin » et rejettent les « rêves illusoires » de la gauche." L’assemblée applaudit tant d'imagination. Bettina voudrait que tout le monde réagisse au micro mais Guillaume Bazaille lui fait remarquer gentiment qu’il est « déjà neuf heures moins le quart ». Il faut ranger la salle. On fera la révolution demain.
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