par Alexandre Piquard - publié le 09/02/02

Un détail peut parfois en dire long. En fustigeant le "monde à l'envers" pour mieux nous proposer leur "France à l'endroit", trois candidats n'ont pas peur de marcher sur la tête.

"Le monde est à l'envers. Si vous votez pour moi, je vais le remettre à l'endroit." Ce genre de message semble bien être porteur, aux yeux des communiquants qui chaperonnent les candidats présidentiels. En effet, ils ne sont pas moins de trois prétendants au trône républicain à avoir choisi ce thème qui emprunte à la dialectique de l'anti-France : notre pays aurait été mis sans dessus-dessous et la vérité politique serait ailleurs... C'est en prime time sur TF1 que Jacques Chirac a annoncé son intention de nous retourner : le candidat de la "passion" a déclaré, le soir de son annonce officielle, qu'il souhaitait "redonner toutes ses chances à la France" et la "remettre à l'endroit". Ceux qui ont la télé auront compris que le candidat de droite dénonçait "un carcan paralysant d'excès de réglementation, d'excès de charges, d'idéologies dépassées."

Upside down ! (boy, you turn me...)
N'hésitant pas à en faire trop, Chirac savait-il qu'il jouait là avec le même lexique qu'un autre "idéologue", Olivier Besancenot ? Pour le jeune candidat de la Ligue communiste révolutionnaire, "les attentats du 11 septembre sont l'illustration d'un monde qui tourne complètement à l'envers." Renvoyant dos à dos attentats et bombardements, Besancenot prophétise lui aussi : "Pour des révolutionnaires, nous prenons l'angle du 'monde à l'envers' pour proposer une politique qui propose de remettre ce monde à l'endroit." CQFD. Après ces retrouvailles sémantiques, on aurait pu se diriger tranquillement vers le scandale du passé trotskyste de Chirac. Mais le monde à l'envers réservait encore des surprises. Un malheur n'arrivant jamais seul, c'est... Bruno Mégret qui a titré ainsi son dernier livre : "La France à l'endroit." Le sous-titre ne laisse pas de doute sur l'intention du vizir d'extrême droite : "Mon programme pour remettre de l'ordre en France." Après ses dernières oeuvres "La Nouvelle Europe" et "Le Chagrin et l'espérance", Mégret veut maintenant prendre l'électeur par derrière... Et on s'étonnera que certains croient que les hommes politiques marchent sur la tête.

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