Revue de presse du mardi 23 avril 2002
par Caroline Cordier -
publié le 23/04/02
Voici la revue de presse du mardi 23 avril 2002.
- L'évènement
- Plus d'infos
- Petites phrases
- En bref
L'EVENEMENT
TANT DE RAISONS DE VOTER CHIRAC
Aujourd'hui, la presse fait bien sûr à nouveau sa une sur le "séisme" politique français. Et les rédactions sont unanimes dans leur appel à "faire barrage" contre Le Pen au second tour. Dans ces circonstances exceptionnelles, les éditorialistes déclinent tous, à leur manière, les raisons de voter Chirac. Pour Serge July, une fracture politique sépare aujourd'hui les "deux tiers hostiles contre un tiers en faveur des réformes gouvernementales, de gauche comme de droite". Si pour l'éditorialiste de Libération, Chirac n'a pas le "profil" des "pères fondateurs" que la situation requiererait, il appelle tout de même à "un indispensable vote républicain" car "les crises, lorsqu'elles éclatent, ne choisissent pas l'identité de ceux qui sont appelés à les résoudre." Sous le titre "Une chance historique", Michel Schifres, du Figaro, juge d'abord "qu'il ne sert à rien d'insulter les Français qui ont fait le choix de Le Pen." Jugeant les réactions de la gauche "pitoyables", il estime aussi "qu'un succès électoral assuré ne suffira pas, à lui seul, à conjurer le mal." Voyant en Chirac le seul homme politique capable de "rassembler", il l'appelle à saisir "la possibilité de revivifier la démocratie française, de reconstruire la pratique politique et de proposer les réformes nécessaires." Dans son "éloge du suicide", Pierre Georges, du Monde, affirme lui que "tous ceux qui, avec de bonnes et de mauvaises raisons, ont fait l'impasse dimanche ne sauraient être tenus pour responsables, ou seuls responsables, d'une manière de naufrage français et républicain." Le suicide, ce serait celui de "la gauche, les gauches diverses et rivales, dimanche, qui ont marqué, ensemble et dispersées, de magnifiques buts contre leur camp." Dans l'Express, Jacques Attali appelle non seulement à voter Chirac au second tour, mais aussi aux prochaines législatives, de façon à ce qu'il ait "les pleins pouvoirs" pour gouverner à droite. Selon lui, plus que de voter selon leurs convictions, les électeurs doivent à tout prix éviter la cohabitation, qui ferait le jeu du FN. L'ex conseiller socialiste ne rejoint pas son collègue Denis Jeambar, qui publie dans le même hebdomadaire une "lettre ouverte à Jacques Chirac", lui demandant, après avoir été "plébiscité" mais non "grandi" de l'élection, de "dépasser son ambition personnelle et de ne penser, au cours de sa prochaine présidence, qu'à la France et aux Français." "Vaste programme", comme avait répondu De Gaulle à un militant soixante-huitard qui l'invectivait d'un "mort aux cons !".
"Lettre ouverte à Jacques Chirac par Denis Jeambar"
http://www.lexpress.fr/Express/Info/France/Dossier/2002/dossier.asp
"La fracture politique par Serge July"
http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020423-000003055PRES.html
"Une chance historique par Michel Schifres"
http://www.lefigaro.fr/opinion/20020423.FIG0132.html
"L'humiliation (édito du Monde)"
http://elections.lemonde.fr/presidentielle/actu/aujourdhui/
"Etat de choc par Claude Imbert"
http://www.lepoint.fr/presidentielle2002/doc_154500301.html
"Eloge du suicide par Pierre Georges"
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3208--272836-,00.html
"Votez Chirac ! par Jacques Attali"
http://www.lexpress.fr/Express/Info/France/Dossier/2002/dossier.asp?id=385200
"Chirac va-t-il répondre au choc ? par José Fort"
http://www.humanite.presse.fr/journal/2002/2002-04/2002-04-23/2002-04-23-005.html
PLUS D'INFOS
CARTES NOIRES
La géographie électorale : dans Libération, un grand nombre de cartes commentées sur trois thèmes. Le premier article montre comment "cette élection a divisé le pays en trois blocs géographiquement distincts, trois manières de raconter l'histoire de France". Le second fait un rappel historique du vote d'extrême-droite. Le dernier, "Au bonheur des archaïsmes", observe les votes Saint-Josse, Hue, Laguiller et Chevènement. Dans Le Figaro, l'analyse de la carte de France des électeurs de Le Pen du 21 avril 2002.
"Trois France à part égale"
http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020423-000018078PRES.html
"Le Front national fait bégayer l'histoire"
http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020423-000019079PRES.html
"Au bonheur des archaïsmes"
http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020423-000020080PRES.html "Qui a voté Le Pen ?"
http://presidentielles.figaro.net/derniers/20020422.FIG0406.html
JEUNES, VOTE ET MANIFS
"Votez escroc, pas facho"
Inventaire par Libération de choses entendues dans les manifestations. L'idée générale : "Certains pensent qu'il faut oublier les clivages droite-gauche un moment et se concentrer sur la lutte contre le FN." Quelques phrases ci-et-là : "Voter démocratie le 5 mai et progrès social en juin", "Voter Chirac en se bouchant le nez", "J'ai honte d'aller voter Chirac mais c'est une question d'honneur", "On a tous été un peu leurrés par les médias et les sondages", "C'est un choc sanitaire", "L'arnaque plutôt que la haine", "Chirac et Le Pen, c'est très simple, ce qu'ils disent. Jospin, c'est plus compliqué.", etc
Les Réactions politiques
LE MRAP VOTE CHIRAC
"Il faut faire barrage au Front national, c'est-à-dire voter pour Jacques Chirac. Mais le sens, ce n'est pas de voter pour Jacques Chirac mais contre le Front national. Et cela ne se discute pas" a déclaré Mouloud Aounit, secrétaire général du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP).
LE VOTE DE MONTEBOURG
"Qu'on sache que la voix que je pourrais donner à Jacques Chirac ne vaudra que pour la défense d'une République que ce dernier a malheureusement piétinée et déshonorée lui-même" a indiqué Arnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire.
L'AVIS DE BOVE
"Quand M. Le Pen dit je suis de gauche socialement, de droite économiquement et je suis nationalement de France, c'est la définition du national-socialisme" a remarqué José Bové. Le porte-parole de la Confédération paysanne a ajouté : "Si je n'étais pas privé de mes droits civiques, je voterais certainement Chirac."
VOTE RADICAL
"Je ferai tout pour empêcher M. Le Pen d'être président, si cela doit se traduire par le vote en faveur de M. Chirac, cela se traduira ainsi" a déclaré Christiane Taubira, candidate du Parti des radicaux de gauche au premier tour de l'élection présidentielle.
APPEL AU CALME
"C'est dans les urnes que doit se régler le sort de Jean-Marie Le Pen, pas dans la rue !" estime François Fillon, RPR.
BUFFET MAXIMALISTE
"Il faut utiliser le bulletin de vote Chirac pour faire en sorte que le candidat Le Pen soit le plus bas possible", a indiqué Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste.
VOTE REPUBLICAIN
"Compte tenu des résultats et pour confirmer ma déclaration d'hier soir, j'appelle à éliminer l'extrême-droite au second tour de l'élection présidentielle. La seule façon d'y parvenir, c'est de voter pour Jacques Chirac comme le feront tous les républicains de gauche et de droite" a précisé Jean Saint-Josse, président de Chasse, Pêche, Nature, Tradition.
VOTE OUVRIER
"J'appelle l'ensemble des travailleurs, et en particulier, ceux qui ont voté pour Le Pen, à ne pas voter pour lui car, en plus d'être un ennemi du monde du travail, il est porteur d'une idéologie qu'il faut absolument condamner" a déclaré Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière.
L'AVIS DE NOTAT
"Nous appelons nos adhérents et nos sympathisants à participer massivement au scrutin et à voter pour Jacques Chirac. (...) Il n'y a pas d'autre choix" a indiqué Nicole Notat, secrétaire générale de la CFDT, dans Libération. A la question, "Une évolution à l'italienne est-elle possible en France ?", elle répond : "La droite française, dans sa plus grande partie, n'est pas la droite italienne. C'est même sa spécificité de refuser d'englober l'extrême-droite. C'est tout à son honneur."
EN BREF
FACE-A-FACE ?
La forme de la rencontre entre les deux candidats du second tour est toujours discutée. Antoine Rufenacht, directeur de campagne de Jacques Chirac, réfléchit à un débat "à l'américaine" où les candidats derrière deux pupitres, face à la caméra, répondent à tour de rôle aux questions de journalistes. Jean-Marie Le Pen, lui, a affirmé sur Europe 1 qu'il devait y avoir "un débat en face à face", "à la française", avec Jacques Chirac, refusant toute "autre formule plus ou moins combinarde à l'américaine".
RESULTATS DEFINITIFS
Le ministère de l'Intérieur a communiqué les résultats définitifs du premier tour : Chirac (19,88 %), Le Pen (16,86 %), Jospin (16,18 %), Bayrou (6,84 %), Laguiller (5,72 %), Chevènement (5,33 %), Mamère (5,25 %), Besancenot (4,25 %), Saint-Josse (4,23 %), Madelin (3,91 %), Hue (3,37 %), Mégret (2,34 %), Taubira (2,32 %), Lepage (1,88 %), Boutin (1,19 %), Gluckstein (0,47 %). Abstention : 28,4 %, record historique.
COMPTES A REBOURS
Même si la présence de Le Pen est une claque historique et gravissime, l'extrême-droite n'a pas réalisé une déferlante électorale dimanche par rapport aux scrutins présidentiels précédents. L'écart Jospin entre Le Pen est de 195 000 voix. Le candidat FN a gagné 234 469 voix entre le premier tour de 1995 et celui de 2002, quand la droite parlementaire (RPR, UDF, DL) en a perdu 4 millions. Pour la gauche parlementaire (PS, PRG, Verts et PC) c'est une perte de 3 millions de voix en sept ans.
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