ARLETTE LAGUILLER
par Xavier
Molenat - publié le 12/02/02 - imprimer cet article
Et
de cinq ! Record (sans doute) battu : Arlette se lance pour la cinquième
fois dans la bataille présidentielle. Elle se les est toutes
faites depuis 1974 ! Vous imaginez, Giscard candidat en 2002 ?
Alors, quoi de neuf pour cette fois ? Rien, pardi ! Parce qu'Arlette,
c'est du roots : un credo, une idée, et baste. Elle, c'est
la défense de la classe ouvrière, tous azimuts. Noble
dessein, malheureusement on n'est pas sûr qu'Arlette ait pris
la mesure de la complexité du monde contemporain.
En
effet, la madone prolétaire et son parti semblent s'être
enfermés dans une vision très manichéenne du
monde, où ceux qui ne sont pas pro-ouvriers (en gros : ceux
qui n'adhèrent pas à Lutte Ouvrière) roulent
nécessairement pour les grands patrons. Hue ? La marionnette
de Seillière. Arafat ? Il brade la Palestine. La seconde
Guerre Mondiale ? une guerre de capitalistes. La discussion est
bien engagée !
Vous
vous dites peut-être : soit, renversons le patronat, votons
Laguiller ! Mais encore une fois, vous persistez dans l'erreur.Lisez
Lutte Ouvrière (le journal) : "Les travailleurs devront
détruire l'appareil d'Etat de la bourgeoisie, c'est-à-dire
son gouvernement mais aussi son Parlement, ses tribunaux, sa police,
son armée et exercer eux-mêmes, directement, le pouvoir
car le bulletin de vote ne peut pas changer la vie". Ah bon
! Et la candidature Laguiller, c'est de la parade ?
En
tous cas, ça y ressemble fort. Non pas que la dame déserte
ses trois mandats, mais elle n'a pas vraiment envie de discuter
; elle refuse tout dévoiement de la "révolution
prolétaire".Et ce depuis toujours: refus des diverses
expériences communistes (URSS, Cuba, Yougoslavie, Chine)
sous prétexte que ce ne sont pas des "révolutions
socialistes", opposition à la Guerre d'Algérie
mais pas de soutien au FLN pour autant.Plus récemment, elle
refuse d'appeler à voter non au référendum
sur Maastricht,ce dernier n'étant qu'une "diversion"
pour les travailleurs. Au Parlement européen, elle votre
contre la Taxe Tobin : "on n'est pas là pour améliorer
le capitalisme". Très bien, alors qu'est-ce qu'on fait
?!
Malgré
ses impasses donc, Arlette a su, à force de candidater, s'attirer
un regard gentiment mielleux des journalistes, dans le style "la-petite-employée-vivant-dans-un-HLM-des-Lilas-entre-les-tomes-de-Trotski-et-ses-plantes-vertes"
(Dixit Lutte Ouvrière du 28 avril 1995). Image avec laquelle,
étonnament, elle n'a pas refusé de jouer, puisqu'on
l'a vue sur tous les plateaux, de Ardisson à Canal + (Arlette
chez Messier le prolétaricide, argh !). Cette passion de
la communication contraste avec l'opacité de l'Union Communiste
(le vrai nom de Lutte Ouvrière) : c'est seulement en 1998
qu'on a connu le vrai nom du dirigeant de l'UC, Robert Barcia, auparavant
connu sous son seul surnom de "Hardy" ! Pas d'adresse
ni de téléphone du parti, règle de décisions
tenues secrètes, ils sont bon pour X-files.
Que les bourgeois se réassurent néanmoins : Arlette
a peu de chance de nous faire un score d'extra-terrestre.
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