ROBERT HUE
par Xavier
Molenat - publié le 12/02/02 - imprimer cet article
Un
mutant. Voilà bientôt huit ans que le brave soldat
Hue a entamé ce qu'il appele la "mutation" du Parti
Communiste, autrement dit sa remise à jour idéologique
et institutionnelle. Que voilà une riche idée !
Et pour cette mission, rien de tel qu'un bon produit maison. Bob,
c'est presque quarante ans d'ancienneté (en comptant ses années
aux jeunesses communistes), une adhésion à l'age de
seize ans, un vrai soldat rouge. Une success-story à l'américaine,
En quelque sorte...
Mais
Dieu qu'il est difficile d'hériter d'un parti communiste
dans les années 90 ! Il faut succéder à l'inoxydable
Georges Marchais, essayer de relancer la machine en perte de puissance...
Robert a-t-il été à la hauteur de la situation
? Qu'il nous soit ici permis d'en douter.
Robert
Hue est gentil, c'est indéniable. Rond, bonhomme, jovial,
il semble cultiver son petit coté nain de jardin qui rassure.La
preuve : l'adversaire qu'il respecte le plus, c'est "Jacques
Chirac, pour son charisme". Lénine au secours ! Et malheureusement,
la bonhomie de son secrétaire général combinée
avec la rigidité du Parti et de ses paléo-staliniens
, ça fait un drôle de mélange des genres. Quand
Marchais se fâchait, au moins ça avait de la gueule !
Alors
bon, on va pas reprocher à Robert Hue d'avoir voulu secouer
les cocos, mais tout de même, pas si fort ! Là il semble
que Bob ait voulu jeter le bébé avec l'eau du bain.
Le dilemme est certes cruel : comment exister entre l'extrême-gauche
radicale et la modération socialiste ? Très simple,
nous répond Robert : on ne choisit pas, on fait le lien !
Et voilà le résultat : un peu dedans, un peu dehors,
bob et son parti semblent se complaire dans le rôle de "caution
sociale du" PS, le seul créneau qu'il leur reste. D'où
de magnifiques valses-hésitations : je participe au gouvernement,
mais je me réserve un droit de "protestation constructive"
(?) quand les socialos y vont un peu fort. Je suis contre la mondialisation,
mais je peux pas trop m'afficher à Gênes parce qu'ils
sont plus jeunes et plus radicaux que moi. Dieu qu'il est compliqué
de pas savoir où on va !
Plus
le temps passe d'ailleurs, plus la conduite de Bob devient schizophrénique
: soutien aux manifs anti-"malbouffe" et défilé
Prada place Colonel Fabien ("C'est ça la modernité
!") , un jour avec les sans-papiers et le lendemain sur marches
du Festival de Cannes, les quatre-vingt ans du PC renommés
"Marx Attaque" (fun !), le vertige nous saisit ! Et saisit
également les électeurs, qui désertent les
rangs de l'ex-premier parti de France (tu te souviens, Bob ?) :
8,65 % aux présidentielles de 1995, 6,8 % aux européennes
de 1999, ça glisse lentement mais sûrement. Et pendant
ce temps, la bête noire Laguiller qui monte, qui monte...
Le scénario de la présidentielle semble déjà
écrit : un petit score, quelques portefeuilles ministériels
en cas de victoire de la gauche, une posture contestataire si c'est
la droite... bref, rien de bien neuf sous le soleil rouge, c'est
à craindre ! Vivement la prochaine mutation.
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