LIONEL JOSPIN
par Xavier
Molenat - publié le 12/02/02 - imprimer cet article
Ira,
ira pas à la présidentielle ? A la question que plus
personne ne se pose, Jospin joue les chochottes et livre une réponse
tordue. Enfin bon, toujours est-il que Lionel est officiellement
candidat... "probable". Car tout ça, vous le savez
bien, est question de "désir" !
C'est tout à son image, ça : pas d'emballement, de
la mesure en toute chose, pour lui-même et pour le gouvernement.
Mais alors, comment donc cet austère personnage (certains
le voient comme un "curé en veste de Tintin") a-t-il
pu être trotskyste tendance groupusculaire, comme ont pu s'en
émouvoir les gazettes ? Il faut croire que Yoyo a un moment
cru à la Révolution, et, s'est progressivement adapté
à l'air du temps.
Il
attend en tous cas son trente-quatrième anniversaire pour
rentrer au Parti Socialiste (déjà, la prudence...),
sous la houlette de François Mitterrand (1971). Jospin révèle
alors une véritable vocation d'homme de parti : membre du
Comité directeur en 1973, n°2 du parti en 1979, premier
secrétaire du parti en 1981, ouf ! L'homme ne manque pas
d'ambitions.
En
tous cas, l'homme est un pur produit mitterrandien : directeur de
sa campagne présidentielle en 1981, il sera son ministre
de l'Education de 1988 à 1992 et en toutes circonstances
défenseur de son "père spirituel". Ce n'est
qu'un peu tard que l'apprenti Lionel prendra quelques distances
avec son maître, avec son fameux "droit d'inventaire",
selon lequel la trajectoire mitterandienne auraît pu être
plus "directe" et plus "simple"... on ne saurait
moins dire.
Après
une période de traversée du désert (en 1993,
il est battu aux législatives et démissionne de ses
fonctions au PS), transmutation : Lionel is back. L'austère
"fend l'armure" comme il le dit lui-même : un peu
aux présidentielles, un peu plus aux législatives
où il s'enflamme sur le social. Il est de tous les combats
: sans-papiers ("abrogeons les lois Pasqua-Debré"),
les chômeurs de Vilvorde ("Renforçons le contrôle
des licenciements !"), et promet à tout-va. ELections,
effusions : Jospin est premier ministre. La droite allait voir ce
qu'elle allait voir !
Cinq
ans après ou presque, les rêves se sont assoupis :
Chevènement asure la continuité sur le dossier des
sans-papiers, le problème des retraites est repoussé
à... 2003, etc. Plus largement, Jospin a semblé prendre
acte de la victoire du capitalisme, qu'il s'agira désormais
seulement de tempérer. Ce n'est pas ce que tout le monde
avait entendu en 1997... et dans cette ligne de pensée "oui
à l'économie de marché, non à la société
de marché", Lionel esquisse peu à peu les traits
du renoncement socialiste. Formule paradoxale mais vide (cf. l'intéressant
"volontarisme réaliste"), beaux aveux (le fameux
"l'Etat ne peut pas tout" lancé aux licenciés
de Michelin), allègement de l'impôt sur les stocks-options
: que de chemin parcouru depuis les années trotskistes !
A la
veille de la présidentielle échéance, Lionel
Jospin se présente donc en configuration "ratissons
large", et ça, finalement, c'était plus que probable.
|