FRANCOIS BAYROU
par Xavier
Molenat - publié le 12/02/02 - imprimer cet article
François
Bayrou existe-t-il ? Politiquement en tous cas, la question mérite
d'être posée. Après un peu plus de vingt ans
de carrière et quelques mois d'une poussive campagne présidentielle,
le béarnais semble avoir toujours autant de mal à
peser dans le débat.
Mais
comment exister quand on est désespérément
moyen ? Car Bayrou a le culte du centre (centre-droit, quand-même),
de la mesure en toute chose, bref rien qui ne dépasse chez
lui. Un début de carrière normale, sous la coupe de
gens moyens (Méhaignerie au ministère de l'agriculture
en 79-81, Pflimlin au Parlement Européen en 84-86). Son passage
à la tête de l'Education Nationale n'a pas non plus
laissé un souvenir impérissable, hormis une réforme
de l'Université de sinistre mémoire... Ah oui, il
a été député, il est député
européen et il est président du Conseil Général
des Pyrénées-Atlantiques, le saviez-vous ?
On
aurait envie de crier : allez François, sors tes tripes comme
te le demandent tes amis de l'UDF, fais-nous vibrer, emportes-toi
! Ta passion de la politique par exemple ? Hélas, rien de
croustillant de ce côté-là. François
n'a pas peur des portes ouvertes ("Le premier homme politique
que j'ai aimé et médité, c'est Gandhi"
- dixit La Relève, son livre-programme à paraître),
et vous une admiration sans borne pour... Henry IV, béarnais
comme lui, et "unificateur de la France" (il lui a d'ailleurs
consacré une bibliographie). On ne fait pas plus glamour
!
Et
tout est de la même eau : Le 11 Septembre ? "Nous avons
vu sur nos écrans à la fois la fragilité des
plus forts et le diabolique pouvoir des plus fous. Nous le savions
à la seconde même où l'événement
se produisit : plus rien ne serait plus comme avant". Super.
Mais il faut comprendre que chez Bayrou, la banalité est
plus qu'une stratégie politique : c'est un style de vie.
Un péché mignon ? "le jus de pamplemousse",
confesse-t-il sur son site
de campagne. Oh, François ! Idem pour les loisirs : "pour
se détendre, il choisit les polars avec un soin tout particulier
: il lit d'abord le dernier paragraphe pour s'assurer que l'histoire
finit bien". Sans espoir ?
On
comprend néanmoins pourquoi Bayrou peine à dépasser
dans son programme la simple incantation. Europe toujours, du libéralisme
oui mais avec des gros bouts de social dedans, la foi en l'homme
(l'homme est catholique pratiquant)... nous voila bien avancés.
Pour se démarquer, le centriste s'est trouvé un "plus-produit"
: le renouvellement de la classe politique. La fameuse "relève"
! lui-même n'a "que" cinquante ans, il est UDF et
non pas RPR et encore moins PS, donc il incarne le sang neuf indispensable
à la France ! CQFD. Malheureusement, il reste à prouver
que les idées changeront avec les hommes, ce qui semble plutôt
mal parti...
L'hebdomadaire
anglais "The Economist" note que, grâce à
sa "jeunesse", son "énergie" et sa "télégénie"
(sic, sic et re-sic !), Bayrou aurait eu toutes ses chances aux
Etats-Unis. Mon cher François, il ne faut négliger
aucune opportunité.
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